Quantcast
Channel: Via Alta
Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

Eductour du printemps : Tallard et lectures du paysage

$
0
0

Le projet Via Alta continue à se faire connaître dans les Hautes-Alpes : cela est notamment la fonction des éductours de printemps. Dans la lignée des formations de l’automne, le CDT05 propose aux acteurs socio-professionnels du territoire d’assimiler des connaissances pour les aider à construire leur produit et ou à guider et informer la clientèle demandeuse de précisions sur les ressources patrimoniales. C’est également l’occasion pour chacun d’entre eux de se rencontrer et d’envisager d’éventuelles collaborations.

A travers ce nouvel éductour, les participants ont l’opportunité de s’approprier les méthodes de lecture du paysage et de les mette ensuite en application l’après-midi lors de courtes randonnées. La première des 4 journées prévues jusqu’à juin prenait étape à Tallard dans le cadre pittoresque du château médiéval. Avec l’aimable participation de la mairie de Tallard représentée par Madame Lise Lamblot et avec la présence de Monsieur le Maire, les convives purent prendre part à la méthodologie la matinée dans la salle du château suivie d’une visite, avant les lectures du paysage tallardien l’après-midi.

La théorie en salle a permis de replacer le contexte d’évolution des paysages de nos régions, lequel est indispensable pour comprendre l’espace dans lequel nous vivons actuellement. Chaque époque se caractérise par une structure précise de son paysage en fonction du degré d’influence des hommes, que l’on nomme l’anthropisation. Celle-ci débute dans nos régions à la suite de la dernière grande glaciation du Würm (jusqu’à 15 000 ans notre ère), époque à laquelle les Alpes étaient recouvertes d’une immense calotte de glace, semblable à celles des régions polaires contemporaines.

La sédentarisation du Néolithique (vers approximativement 9000 à 3000 avant JC), moment majeur de l’Histoire de l’humanité, induit les premières influences anthropiques sur le cadre naturel des Alpes. La présence humaine se limite alors aux villages et modestes habitats troglodytiques ainsi qu’aux premiers brûlis, méthode radicale et systématique pour gagner des terres agricoles sur la nature sauvage. Aux alentours de 500 avant JC, on compte déjà de nombreuses bourgades dans les Hautes-Alpes : Gap, Bâtie Neuve, Bâtie Montsaléon, etc. Les cours d’eau non domptés marquent la frontière naturelle des territoires tandis que les tracés de transhumance des troupeaux de moutons contribuent à dessiner les contours des territoires des communautés, comme prémisse aux cadastres.

Durant l’Antiquité, le paysage se complexifie par l’expansion de la civilisation romaine. De nouveaux éléments appraissent en fonction des attentes et besoin des Romains : les aqueducs acheminent l’eau, les voies romaines rectilignes garantissent le déplacement des troupes ponctuées par les villes et villages gallo-romains obéissant à une organisation précise. Les villages gaullois sont marginalisés par l’envahisseur, lequel prend soin de répartir le territoire suivant la logique des centuriations : c’est l’apparition des cadastres.

L’Empire périclitant sous l’impulsion d’invasions barbares, les unités du paysage prennent l’allure de vestiges jusque vers le Haut Moyen Age : traces de vignobles, ruines de cités romaines, progression généralisée de la forêt, etc. Avec le Bas Moyen Age c’est un changement de civilisation qui s’opère puisque les fiefs sont remplacés par un royaume unifié. Les grandes composantes de la société, clergé, noblesse et Tiers Etat, se partagent le territoire : le village des paysans assurant la culture des denrées est dominé par le château des aristocrates locaux, tandis que le clergé est représenté par divers ordres dans les abbayes environnantes.

C’est à l’époque de la Renaissance que l’on entre dans une rationalisation qui préfigure le paysage contemporain. La normalisation s’impose à travers une succession d’aménagements modernes : création de forêts d’Etat, endiguement des fleuves, routes bordées d’arbres, jardins à la française, etc.

Dans la continuité, du 18ème au 19ème siècle, l’industrialisation modifie encore les paysages avec l’apparition du chemin de fer qui réduit considérablement les distances et favorise l’exploitation du paysage : forêts tracées au cordeau portant le pin noir d’Autriche, usines, canaux d’irrigation, carrières, etc. De nos jours, la normalisation s’intensifie : barrages, centres commerciaux, lignes haute tension, station de ski, etc. Le paysage de nos montagnes d’aujourd’hui se réduit à cinq unités principales : la ville (urbs), les jardins (hortus), les champs (ager), la zone de reconquête de la végétation (saltus) et la forêt (sylva).

Ce sont ces différentes unités qui ont fait l’objet des lectures lors de la suite de la journée.

Dates des prochaines journées :
Mardi 27 mai à Réallon
Lundi 2 juin à Briançon
Jeudi 12 juin à Mont-Dauphin.

Pour tous renseignements : BERNARD Julien, Chargé de mission Via Alta, 04 92 53 22 06

 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

Trending Articles